Actualités de l'ennoblissement textile
Teintures & Apprêts

21 September 2023

Le teinturier Mathelin puise son eau dans sa propre nappe phréatique


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Près de Lyon, le teinturier ennoblisseur Mathelin dispose de sa propre ressource en eau. Même s'il n'utilise pas le réseau communal, l'Etat lui demande de réduire sa consommation de 10 %. 

L'usine de teintures et d'apprêts Mathelin, à Chessy (Rhône), utilise environ 700 m3 d'eau chaque jour, un volume conséquent mais qu'elle ne paie pas. « Nous ne sommes pas branchés au réseau communal. Nous disposons de notre propre nappe phréatique», explique Didier Butor, président de cette entreprise contrôlée par quatre de ses principaux clients, à savoir trois fabricants de tissus (Verne & Clet, à Chessy; Gauthier, à Morestel (Isère), et Benaud, à Lyon), et l'anglais Bainbridge, qui fabrique des voiles de bateaux. 

Mathelin Apprêts Teintures tire 40 litres d'eau pour chaque mètre linéaire de tissu teint. L'industriel fournit 3,5 millions de mètres par an grâce à une ressource abondante. Cette nappe souterraine qui s'étend sur 16 hectares « se recharge lors des pluies et grâce à un bief sur la rivière voisine l'hiver. L'été, la nappe baisse, mais nous la surveillons, et jusqu'à présent, nous n'avons pas eu d'incident», dit le dirigeant. 

Station d'épuration 

A l'autre bout de la chaîne, afin d'éviter de rejeter les effluents dans ['Azergues, un affluent de la Saône, l'entreprise s'est dotée d'une station d'épuration en 1970. Les dirigeants actuels n'ont donc pas eu à en construire une après la loi eau de 2015. 

Les entreprises lancent enfin la bataille de l'économie d'eau

Ce qui n'a pas empêché l'entreprise d'être soumise au plan de sobriété hydrique réclamé par les services de l'Etat cette année. « Nous nous y plions, bien sûr. Nous étions déjà engagés sur une trajectoire de réduction de 10 % nos consommations», explique Didier Butor, qui sait bien que la région lyonnaise se retrouve en tension après deux étés de sécheresse. 

La principale modification dans le circuit de teinture consiste à recycler une partie des eaux lors du refroidissement. « Le rinçage ne nécessite pas d'utiliser de l'eau pure. Grâce à une nouvelle installation que nous mettrons en service d'ici au début 2024, nous ne serons plus obligés de renouveler l'eau à chaque fois», détaille Didier Butor. 

Sur la période 2020-2024, Mathelin, qui réalise 5 millions d'euros de chiffre d'affaires, aura investi 3,5 millions d'euros avec le soutien de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il a notamment modernisé une ligne de thermofixation des couleurs et de lavage des tissus. « Nous améliorons le process pour le rendre plus économe. Le poste énergie va être multiplié par 2,6 l'an prochain», dit Didier Butor. 

Malgré ces tracasseries sur l'eau et la flambée des prix de l'électricité, Mathelin pourrait produire plus pour sa cinquantaine de clients. Reste un point noir:« Nous rencontrons de graves difficultés de recrutement, d'autant que notre zone d'activités est mal desservie», déplore le dirigeant de cette entreprise de 45 salariés. 

Nous utilisons notre eau, que nous rendons au milieu, en l'occurrence la rivière, après un traitement biologique», poursuit Didier Butor, qui estime à 96 % le volume d'eau restitué à la rivière, et à 4 % le taux de perte, essentiellement à cause de l'évaporation lors du process. Mathelin ne gaspille donc pas sa propre ressource.

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